Classe matinale, version illustrée
Nous sommes toujours sur Terre, en 2057. Beaucoup de choses ont changé. Il te faudrait un certain effort pour reconnaître le paysage, et tu serais étonné par la nouvelle lumière qui émane de la nature. Mais ton plus grand étonnement viendrait de la psychologie des gens. Elle a changé, irrévocablement.
Heureusement, Isabelle, une jeune fille du futur, a décidé de nous donner un aperçu de cette nouvelle humanité ; elle souhaite nous expliquer comment toute la situation a changé.
Un matin de 2057...
Les premiers rayons de soleil matinal traversent la fenêtre, montent le long du lit et éclairent le visage d'Isabelle.
Elle sourit à la cette caresse, le soleil l'invitant à rejoindre le monde des choses solides.
Après un dernier regard enjoué sur ses amis du monde des rêves, elle rassemble ses idées, ses impressions, et prépare son passage.
Comme tous les enfants, elle aime ce moment où l'univers change de texture, où elle s'habille d'un corps solide pour jouer avec la vie.
Ce passage est l'un de ses jeux préférés, une glissade entre les dimensions. Elle se laisse aller, la glissade commence. Et se termine dans son lit - avec un éclat de rire cristallin.
Elle s'étire, apprécie le contact doux des draps sur son corps, et se lève.
Elle ouvre la porte, fait quelques pas dans l'herbe qui borde la maison, et se gorge des impressions de cette nouvelle journée.
La brise apporte les nouvelles de la nuit : la mère renarde a eu ses petits, les premiers narcisses ont percé,il a plu sur le flanc de la montagne.
Encore quelques pas, et la rosée qui roule sur ses pieds finit de la réveiller.
Elle retourne dans la maison, traverse le hall ensoleillé et saute dans la douche, le contact de l'eau sur sa peau étant toujours un plaisir.
Elle se penche, se tortille et offre toute la surface de son corps à la caresse de l'élément liquide.
Elle joue avec l'eau, elle l'encourage et la remercie d'être là.
Après s'être séchée, elle s'habille, va à la cuisine, embrasse sa mère et lui demande : « Tu vas à l'école ce matin ? ».
Un sourire, un hochement de tête : « Oui, bien sûr ! À tout à l'heure ! »
Isabelle ramasse une pomme et lui rend son sourire : « D'accord, à tout à l'heure ! »
Elle s'éloigne dans les champs.
Arrivée à l'orée du bois, elle s'arrête et écoute.
Son regard saute de buisson en buisson, passe sur un tas de feuilles et de racines, s'immobilise soudain : « Je t'ai vu ! Sors d'ici ! »
Elle court vers le tas de feuilles, et une silhouette de la taille d'Isabelle apparaît.
Un petit être vert, entouré d'une douce lumière, verte elle aussi.
Ils tombent dans les bras en riant, s'effondrent dans le tas de feuilles, se relèvent tous les deux en pouffant et se mettent à marcher d'un air déterminé.
En chemin, ils s’échangent les dernières nouvelles: la vie du village, les potins de la vie des bois, les récentes disputes entre la chouette et les écureuils du gros chêne.
Enfin, ils arrivent au grand chêne, et s'installent confortablement sur un lit de mousse, entre ses racines.
« Bonjour, grand chêne, que vas-tu nous apprendre aujourd'hui ? ».
"Ce matin, répond le grand chêne, je vais vous raconter comment les libellules ont si bien rêvé leur existence qu'elles sont devenues vivantes".
L'histoire du grand chêne terminée, Isabelle quitte ses amis de la forêt et poursuit son chemin.
Elle fait un détour matinal par la mare, pour saluer les libellules et les féliciter de leur succès.
Au bord, elle patauge dans l'eau, s'amusant à sentir la boue glisser entre ses orteils.
Puis elle coupe un moment dans la prairie, joue à cache-cache avec le lièvre, et arrive enfin à l'entrée d'une clairière, ombragée par des châtaigniers : l'école.
" Tout le monde est déjà en classe “.
Tout en sautant sur des images imaginaires, elle entre dans la clairière.
Dans l'herbe, des personnes âgées de dix-huit à quatre-vingt-deux ans discutent gaiement, lisent ou dessinent. Un concert de bienvenue salue Isabelle.
Souriante, elle s'assoit face à l’assistance et invite la classe à méditer pendant quelques minutes.
Peu à peu, l'atmosphère devient sereine et vibrante.
Délicatement, Isabelle rompt le silence :
« Ce matin, nous allons continuer à explorer la nature de la réalité. Je vous demande de ne pas vous fier à ce que vous avez appris.
Comme vous le savez, il y a quelques décennies, l'éducation consistait encore à bourrer les gens d'idées toutes faites sur le monde, à piéger leur conscience dans des dogmes insensés et malsains.
Les gens étaient formés pour être utiles, productifs et obéissants.
Les plus âgés d'entre vous ont vécu cette terrible expérience, et nous en portons tous encore des traces.
C'est pourquoi je veux que chacun d'entre nous réveille maintenant l'enfant qui est en lui.
Cet après-midi, nous irons danser avec des loutres et des blaireaux.
Mais pour l'instant, j'aimerais que chacun raconte ses aventures de la nuit... »
La classe a commencé...
La plupart des scènes de l'histoire ont été tournées dans le merveilleux Elvion, dans Second Life.
Je remercie chaleureusement :
Saphir Zenovka, Dea Aurelia, Jade, Alucha Niekerk, Bo et Uma Zano, Dixmix, Emmie, Hilaire Beaumont, Marq, Nicole.
Tu veux avoir cete histoire toujours à portée de main?
Elle est disponible en format PDF ou eBook pour une modique somme.