Le papillon s'impatiente
Ca plait pas à tout le monde, mais la métamorphose fait partie de la vie. D'ailleurs, le monde actuel est un gros cocon, rempli d'humains de chenilles qui, inquiètes pour leur avenir, usent de tous les stratagèmes imaginables pour préserver leur état larvaire. C'est perdu d'avance, on ne sort jamais gagnant d'un combat contre la Vie. La chysalide se désagrège, il n'en restera plus rien dans quelques générations.
L'humanité n'a probablement jamais été confrontée à d'aussi grands défis, comme autant de signes avant-coureurs d'un éveil collectif. Un défi majeur les résume tous: l'atmosphère du cocon devient irrespirable, il faut en sortir. Nous devons abandonner les habitudes toxiques de l'histoire et quitter le connu.
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Notre sentiment d'exister, nos langues et donc nos manières de penser, nos systèmes de croyance, nos comportements, nos relations avec les autres et l'ensemble du vivant, tout cela est contenu dans une vaste bulle narrative. La "réalité" est constituée de nos idées sur le monde. Nous n'avons qu'une vague idée de qui nous sommes en dehors de la bulle – en dehors de nos concepts. On ne connait que ce qu'on connait.
Aujourd'hui, le connu est saturé, la crysalide pleine à craquer. Chaque tentative de résoudre une crise dans le cocon provoque une avalanche de nouvelles crises, toujours plus aigûes et absurdes.
Aucune de ces crises ne peut être résolue avec les systèmes de compréhension actuels. Toutes sont des incitations à explorer de nouvelles compréhensions et de nouveaux potentiels qui s'offrent à l'espèce humaine. Les chenilles sont arrivées dans un cul-de-sac. Pour franchir l'obstacle et poursuivre la route, il leur faut pousser des ailes.
Quelques exemples. Dans l'état de conscience encore dominant :
Les crises écologiques sont sans issue. On multiplie les artifices technologiques pour résoudre les problèmes engendrés par la technologie. Nos derniers espaces verts seront bientôt des décharges de batteries de voitures électriques propres, des champs de panneaux solaires éthiques et des hangars de serveurs pour stocker les souvenirs accumulés dans nos engins connectés durables et pour fabriquer des bitcoins, éthiques eux aussi. On bricole des expédients génétiques et techniques pour réparer les dégâts de l'industrialisation. Dans les grandes luttes étatiques contre le CO2, on oublie que les plantes font ça très bien depuis l'aube des temps. On veut résoudre les problèmes de la Terre avec la mentalité qui blesse la Terre.
Lorsque la notion de bien-être collectif aura remplacé la phobie de la survie individuelle et l'avarice, nous apprendrons à travailler avec la Vie, et la biosphère s'auto-guérira.
Les crises économiques sont bien sûr sans issue. L'économie planétaire est pour le moment fondée sur l'exploitation du plus grand nombre pour enrichir une élite, en créant des conflits là où l'intérêt l'exige et en pillant les ressources de la Terre. Ce modèle "d'échanges" peut seulement fonctionner dans une collectivité animée par la peur, où l'obéissance et l'état de victime prédominent.
Lorsque nous aurons compris que l'abondance collective est infiniment plus épanouissante que l'appauvrissement engendré par la propriété privée et l'accumulation de pouvoir, la spéculation, la corruption et bien d'autres maux disparaîtront. La vraie richesse, c'est le partage.
Les crises idéologiques sont évidemment sans issue. Qu'elles soient politiques, religieuses ou sociales, les idéologies peuvent seulement fonctionner grâce aux illusions perceptives actives dans la bulle narrative, la plus nocive étant l'hallucination de la séparation. Ces systèmes de pensée vont se désagréger en même temps que la chrysalide. Ca a déjà commencé.
Dans un avenir pas si lointain, les systèmes de pensée rigides et les religions organisées vont disparaître. La créativité et l'épanouissement individuels seront respectés et encouragés, considérés comme des éléments constitutifs de la communauté.
Les collectivités sont en pleine décomposition. Patronnés par les grandes organisations internationales et pour sauver l'Empire, les Etats s'insinuent toujours plus dans la sphère privée, rongent la liberté des gens, codifient les comportement sociaux et familiaux, réglementent l'usage de nos corps et normalisent nos idées. Porté par les médias, le mouvement woke exacerbe les identités séparées et les rend toujours plus confuses: mâles alpha, non binaires, LGBTQI+. Peine perdue, c'est la notion actuelle de l'identité qui est en bout de course.
L'emprise hypnotique de ces vieux modèles est en train de disparaître, les réflexes d'obéissance (ou de désobéissance) à des autorités extérieures se dissolvent. Le concept d'identité séparée causant toujours plus de misère, de nouvelles manières d'exister verront le jour, fondées sur le "nous", sur l'unité de toute vie. L'épanouissement de l'individu et de la communauté deviendront indissociables.
Etc.
Pour résumer: ces crises sont des remous de surface provoqués par un séisme bien plus profond: l'émergence d'une nouvelle compréhension de nous-mêmes et de l'univers.
Cesser de réparer la crysalide
L'écroûlement du monde historique, que toujours plus de gens pressentent, annonce la prochaine étape de l'évolution humaine. L'émergence d'un nouveau paradigme ne va pas se produire d'un jour à l'autre, ça prendra quelques générations. On ne verra probablement pas ce nouveau monde au cours de cette vie, mais la métamorphose a commencé. On en voit les effets partout autour de nous.
Que serons-nous, une fois détoxiqués des visions du monde insensées qui ont forgé notre passé? A quoi ressemblera le monde à la sortie de la chrysalide?
Chacun-e de nous est une facette de la conscience cosmique qui anime l'univers. En ôtant les lentilles historiques qui atrophient notre compréhension, on peut découvrir quelques aperçus des plans d'avenir de la Vie. Explore en toi ce qui te donne le plus de joie, sonde ce sentiment d'appartenir au Tout, cherche ce à quoi tu aspires le plus profondément, tire sur ce fil et vois ce qui vient.
Quelques pistes apparaissent:
Signe que le sortilège s'affaiblit, les enfants de la nouvelle génération sont toujours moins concernés par les émotions historiques. Ils ne résonnent plus avec l'état de victime. Ils réagissent toujours moins à l'autorité et la manipulation. Actuellement, le monde est façonné par les émotions collectives de masses apeurées, mais sans carburant, ces émotions vont s'éteindre. Pour l'instant, la collectivité carbure à la peur, on peut donc s'attendre à une période de flottement, à la traversée d'un no mans land. Une fois libéré de l'influence du cocon, le monde connaîtra la paix et l'harmonie.
Dans le logiciel historique, on se conçoit comme des entités séparées des autres et de l'univers. Hors de la crysalide, notre sentiment d'exister sera fondé sur le "nous". Le "je" trouvera son sens et sa richesse grâce à la collectivité. L'idée qu'une émotion appartienne à quelqu'un paraîtra absurde. Les émotions deviendront un paysage collectif, cultivé par la communauté. De même, la notion de breveter une invention deviendra impensable. Automatiquement partagées, les nouvelles idées nourriront le bien-être et l'épanouissement collectif.
Toujours dans le logiciel historique, le yin et le yang sont perçus comme des polarités en conflit. Femme et homme sont séparés, dans l'individu comme dans la communauté. La société exige une soumission absolue à cette division stéréotypée mâle-femelle, ce qui a causé – et cause encore – d'immenses souffrances. Prisonniers de rôles sexués abêtissants, nous avons perpétué les mêmes névroses à travers les siècles. Aujourd'hui, ces modèles sont devenus étouffants. Graduellement, avec la dissolution des illusions historiques, ce conflit va se résorber, permettant enfin cette union intérieure du yin et du yang. La sexualité prendra une dimension sacrée, les enfants seront choisis consciemment et la population mondiale diminuera naturellement.
Avec la décomposition du paradigme actuel, notre rapport à la mort va changer en profondeur. Sans les oeuillères historiques, nous établirons de nouveaux dialogues avec d'autres règnes, espèces et dimensions. Notre ADN se déploiera, libérant un immense potentiel appelé jusque là junk DNA... En retrouvant notre mémoire d'âme immortelle, nous saurons mieux apprécier la richesse de la vie humaine et trouver notre place dans la grande symphonie cosmique.
Plus prosaïquement, une fois libérés de l'influence débilitante du carcan historique, nous allons faire d'immenses progrès dans tous les domaines. Purgés de nos comportements parasitiques, nous découvrirons de nouvelles manières de collaborer avec la Vie. L'énergie libre transformera nos sociétés. Libérée du joug vampirique des multinationales, la médecine deviendra un art multidimensionnel au service de l'épanouissement humain. Nous imprimerons localement les objets dont nous avons besoin, à partir des modèles disponibles sur le réseau. Et pour ajouter un grain d'utopie, nous démonterons toutes nos antennes et communiquerons grâce au réseau qui relie chaque atome de l'univers. Nous démantellererons nos fusées et apprendrons à plier respectueusement l'espace-temps pour accéder à des destinations lointaines.
La grande question "Sommes-nous seuls dans l'Univers" traduit bien l'aveuglement du paradigme historique. Il suffit d'observer la nature sur notre petite planète pour découvrir une extraordinaire diversité d'êtres vivants, conscients chacun à leur manière, et interconnectés. Une Intention, une Intelligence cosmique orchestre ces merveilles, et c'est peu vraisemblable qu'Elle aie limité son champ d'activité à la planète Terre. Une grande oeuvre d'art cosmique est en cours d'élaboration, dont nous sommes à la fois les artistes et les matériaux.
Depuis cette perspective, on découvre que la désagrégation du cocon historique est une préparation, une mise à jour indispensable avant de poursuivre un voyage extraordinaire.
Pour précipiter cette heureuse métamorphose, cessons de réparer la crysalide!
Le papillon commence à s'impatienter...
Alain-Yan Mohr, août 2024
L'expérience qui pourrait transformer votre monde repose sur l'idée fondamentale que vous créez votre réalité personnelle et collective à partir de la nature de vos croyances, que toute existence est bénie et que le mal n'existe pas. Si ces idées étaient adoptées individuellement et collectivement, alors les preuves apportées par vos sens physiques ne seraient pas contredites. Ils percevraient que le monde est bon. C'est l'expérience qui n'a pas encore été tentée. Ce sont les vérités que vous devez apprendre.
- Seth
Si les propos ci-dessus te parlent, mais que tu crains un peu les conséquences de l'explosion de la bulle, j'ai réuni différentes ressources dans la section "Eveil" de ce site.
30 ans plus tôt...
Il y a 30 ans, j'ai publié une lettre ouverte aux prisonniers volontaires. Je l'ai relue en rafraîchissant ce site. Je ne me doutais pas que son contenu était carrément prophétique.
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Chers détenus,
Même dans vos pires cauchemars, vous n’aviez pas osé imaginer qu’un jour, votre prison puisse se rétrécir au point qu’il ne vous reste plus d’autre solution que d’en sortir. Vous aviez pourtant tout bien aménagé. Votre travail, vos loisirs, vos assurances, votre statut social, vos options philosophiques ou religieuses, tout semblait stable, solide, sécurisant, planté là pour l’éternité.Pour garantir la stabilité et la continuité de votre réalité pénitentière, vous aviez confié les clés de votre destin à des autorités compétentes, choisies pour leur respect de l’environnement carcéral. Vous aviez confié votre santé aux médecins et aux grands groupes pharmaceutiques. Vous aviez confié la direction de votre vie aux politologues et aux sociologues, vos moyens de survie aux économistes et aux banques, la définition de votre réalité aux scientifiques et aux médias, l’intégrité de votre être aux psychiatres, aux religieux ou aux marchands d’illumination. Pour évacuer les quelques inquiétudes restantes, vous aviez additionné les polices d’assurances et les caisses de retraite. Et pour perpétuer cet oasis de sécurité, vous aviez confié l’éducation de vos enfants à l’instruction publique.
Vous ne pouviez vraiment pas faire plus pour garantir la survie du système. Il suffisait de rester dedans, pensiez-vous de toutes vos forces, il suffisait d’ignorer la réalité extérieure et tout pourrait continuer.
Et pourtant, l’impossible, l’impensable, l’imprévu s’est produit, là où vous l’attendiez le moins. La prison que vous aviez bâtie avec l’énergie du désespoir est devenue invivable. Elle s’est rétrécie chaque jour davantage. Les frais d’entretien de la prison n’ont plus permis d’entretenir les détenus. Les coûts de la santé ont constamment augmenté, ce qui vous a rendu encore plus malades. Le coût de la vie a augmenté en parallèle avec le chômage. Pour de moins en moins de confort, vous avez payé de plus en plus cher. Calfeutrés dans vos cellules, vous avez vu des gens qui ne devraient pas exister venir frapper à vos portes pour obtenir des bribes de l’oubli duveteux que vous aviez cultivé. Incapables d’accepter la faillite de votre système, vous avez redoublé de ferveur, voté pour la TVA, élu les plus illustres défenseurs du système qui garanti la liberté d’être détenu, espéré de tout votre sérieux que tout redevienne comme avant.
Mais les murs d’enceinte de la prison se fissuraient, ils rétrécissaient inexorablement. Ils laissaient suinter la vie, avec son cortège d’incertitudes, de bouleversements, d’obscène exhubérence. A coup de chaine du bonheur, vous avez tenté de combler les failles. Peine perdue. La prison rétrécissait toujours.
Finalement, la prison s’est tellement rétrécie qu’elle a disparu de votre vue. Vous avez cherché partout les images familières et rassurantes d’un mur, d’un barreau... Plus rien. Pourtant vous saviez qu’elle existait, vous sentiez son atmosphère, ses limites. Désorienté, vous vous êtes interrogé. Vous avez réalisé que la prison s’était transformée en cage, à l’intérieur de votre esprit, et que vous étiez enfermé dans cette cage. L’angoisse vous a étreint, la cage s’est rétrécie. L’angoisse s’est transformée en une peur brute qui a rempli l’espace de votre conscience, rétrécissant implacablement la cage. Comprenant soudain, vous vous êtes figé, n’osant plus respirer même en pensée, de peur d’être broyé par les barreaux de la cage.
Depuis cet instant, vous êtes resté immobile. Graduellement, avec votre humeur, la cage s’est modifiée ; sa texture est devenue filandreuse, comme une... chrysalide. Du plus profond de vous-même, des bulles d’enfance depuis longtemps reniées sont venues éclater à la surface de votre conscience : bulles d’exubérence, d’insouciance, de créativité, de liberté, de jeu, de sensualité espiègle. Stupéfait, vous avez pris conscience de votre immense potentiel d’extase.
Vous avez réalisé que plus rien ne sera comme avant.
Alain-Yan Mohr, 1994
C'est une vieille photo - Gary Larsson