Eduardo l’escargot
Les escargots portent leur maison sur le dos
Tout le monde apprend ça à l’école
Mais personne n’a encore eu l’idée folle
D’entrer dans la maison d’un escargot.
Eduardo l’escargot, macho, miso, phallo,
A fait dans sa coquille un véritable tripot.
Eduardo est connu de Kingston à Reciffe
Sa coquille rouge vif fait la une des journaux
Avec ses jantes larges, l’autocollant “Turbo”
Et la musique qui hurle des airs de Jimmy Cliff.
Eduardo l’escargot, macho, miso, phallo,
Frime devant les minettes des plages d’Acapulco
On dit qu’sa renommée a franchi les frontières
Qu’l’intérieur d’sa coquille est tapissé d’velours
Qu’des miroirs reflètent chacune des scènes d’amour
Et qu’toutes ses conquêtes finissent les jambes en l’air
Eduardo l’escargot, macho, miso, phallo,
Court après les vendeuses, les stars, les dactylos
Un soir de fête, bien parti, il aborde une limace
Et l’entraîne chez lui, excité comme un phoque
Baveux comme une omelette, la queue qui tournicotte
Elle s’enfuit en criant “T’es vraiment dégueulasse!”
Eduardo l’escargot, macho, miso, phallo,
S’est retrouvé tout seul avec sa libido
Pour éviter le naufrage psychologique
Eduardo s’en remet à d’ancestrales pratiques
Et seul, s’adonne aux plaisirs d’Aphrodite
Comme tous les escargots, il est hermaphrodite.
Eduardo l’escargot, macho, miso, phallo,
Est pourtant des deux sexes : un sacré quiproquo!
Alain-Yan Mohr
Août 1995