Les brèches du temps
Les clients de Sigmund Afraid ont un terrible constat en commun : le monde est fou ou eux le sont. La « réalité » s’est zébrée de lignes de fuites et de perspectives fausses et les « certitudes » les mieux établies sont devenues des passoires. Et le temps, le temps lui-même donne des signes de dérangement. « Il commence à tourner en spirale, vers l’intérieur, de plus en plus vite. A la vitesse où ça va, la fin du temps est pour bientôt ! » explique un personnage.
Bref, « la décomposition du monde est avancée » ; personne ne croit plus à son métier ou sa mission et on ne saurait plus à quel saint se vouer sans les interventions d’un lutin facétieux nommé Carl, d’une ange gardienne anonyme qui ne mâche pas ses mots, de Zeus et d’Héra en personne qui viennent causer au salon.
Ce tableau joyeux d’une décomposition fertile (également traversé par Madame Ballay, concierge, et Justin Laviolette, botaniste à triple foyers) nous induit à penser que, grâce aux « brèches » qui sapent les murs, les cloisons, les certitudes bétonnées et les mauvaises fois blindées, une nouvelle conscience émerge. Elle est heureuse.
Nouvelle psycho-fantastico-esotérique, "Les brèches du temps" aborde la désagrégation des systèmes et de la cohérence de la conscience collective sous un angle humoristique, multipliant les situations délirantes qui, pourtant, sembleront tellement familières aux lecteurs.